mardi 8 décembre 2015

Le trouble jeu de la Turquie



Mardi 24 novembre, des chasseurs F-16 turcs ont abattu un SU-24 russe qui aurait survolé son espace aérien sans autorisation, celui-ci se serait écrasé en Syrie. Moscou dément que son appareil ait violé le territoire turc. Ce n'est certainement pas un hasard si Erdogan a donné l'ordre de tirer. Son principal souci reste les Kurdes, Edorgan est opposé à la création d’une zone kurde autonome le long de la frontière syrienne. De plus Edorgan qui est proche des Frères musulmans s'est résolument rangé du côté des rebelles.

Le président Turque a déclaré : «Tout le monde doit respecter le droit de la Turquie à protéger ses frontières».

Lorsqu'on regarde le tracé radar de l'avion russe fournit par les turcs, on voit -selon les Turcs- qu'il est bien entré dans l'espace aérien turc. Cet espace qui représente un bec de canard inséré dans la Syrie, fait environ deux kilomètres, et au vu de la vitesse de l'avion, ce dernier a dû pénétrer une seconde dans l'espace aérien turc. Cela suppose que les Turcs attendaient l'avion, ils avaient connaissance de son plan de vol, et savaient que l'avion n'avait pas d'autre choix que de traverser leur espace aérien.

Sous couvert d'anonymat, un responsable américain a indiqué à Reuters que si l'avion avait bien effectué une brève incursion en Turquie, il avait été abattu alors qu'il était dans l'espace aérien syrien.



La Turquie est beaucoup moins regardante concernant le passage de centaine de camions citerne de L’EI qui passe du pétrole par contrebande. Il faut aussi que la Turquie contrôle mieux sa frontière, qui est poreuse et par laquelle transite en contrebande le pétrole syrien ou irakien provenant de zones contrôlées par l’État islamique», note Agnès Levallois chargée de mission à l’Académie diplomatique internationale et spécialiste des questions stratégiques au Moyen-Orient.

De plus les services de renseignement britanniques rapportent également que «de l’argent liquide a été retiré de distributeurs à la frontière turque par des combattants étrangers impliqués dans les combats en Syrie».

Abou Sayyaf, qui a été tué lors d’un raid des forces spécial américaine en mai, était l’un des principaux dirigeants de l’État islamique et en quelque sorte son ministre des Finances. Les documents trouvés lors de l’opération montrent clairement qu’il était en relation directe avec des officiels turcs, explique le Guardian.



La Turquie est accusée depuis longtemps par les experts, les Kurdes et même le vice-président américain Joe Biden de  ne rien faire pour empêcher l’approvisionnement en armes et en combattant volontaires de Daech à travers sa frontière syrienne. En novembre 2014, un ancien combattant de Daech expliquait que l’État islamique considérait la Turquie comme un allié:

    «Les commandants de Daech nous ont dit de ne rien avoir à craindre car la coopération était totale avec les Turcs… Daech considérait l’armée turque comme son allié plus particulièrement quand il s’agissait d’attaquer les Kurdes en Syrie.»



La Russie a d’ailleurs riposté à la perte de son avion en révélant le rôle de la Turquie dans le blanchiment du pétrole syrien, que lui procure en contrebande Daech. Des images satellites fournies par Moscou montrent d’immenses convois de camions citernes rejoignant la frontière turque. Ce trafic, qui rapporte selon le Financial Times plus d’un million de dollars par jour aux djihadistes.

L’Irak a également fait des déclarations dans ce sens lors d'une rencontre avec le ministre allemand des Affaires étrangères, Haider Al-Abadi a souligné "l'importance de stopper la contrebande de pétrole par les groupes terroristes (de l'EI), dont la grande majorité est exportée illégalement via la Turquie".