vendredi 19 avril 2013

La spéculation sur les matières premières moins contrôlé que celle sur les dettes

Dans un rapport publié en février, Oxfam ( confédération composée de 17 organisations indépendantes de même sensibilité qui agissent « contre les injustices et la pauvreté »)dénonce l'impact des marchés financiers et de la spéculation sur le prix des matières premières agricoles, au détriment des populations les plus vulnérables. Dans le cadre de la réforme bancaire, l'ONG réclame également l'interdiction des fonds indiciels et des contrats spéculatifs sur les dérivés agricoles. Les entreprises de matières premières comme Cargill,  Trafigura, Glencore qui sont des intermédiaires de matières premières ont réalisé plus de profit en dix ans que les quatre plus grosses banques d’investissement américaines réunies. La spéculation s'est fortement aggravée ces dernières décennies car à l'instabilité des marchés des matières premières est venu s'ajouter l'instabilité des marchés monétaires. La plupart des comportements parasites qui endommagent la qualité des prix sont réalisés par des spéculateurs qui jouent sur deux tableaux : physique et à terme. D’où la nécessité d’une surveillance coordonnée sur les deux marchés.

Oxfam indique que de février 2005 à février 2008, les prix alimentaires ont gonflés de 83 % (et même 181 % pour le blé). Plus encore que cette augmentation, ce que souligne Oxfam c'est l'accroissement de la volatilité des prix. Ces derniers ont flambé à trois reprises ces dernières années, entraînant trois crises alimentaires aiguës en 2008, 2010 et 2012. Et cette volatilité provient d'une spéculation de plus en plus vive : sur les marchés des dérivés agricoles, le nombre de contrats à terme a été multiplié par 3 entre 2002 et 2008 et leurs échanges par 14. Or, seuls 3 % des contrats ont donné lieu à une livraison physique.

Olivier De Schutter, rapporteur spécial de l'ONU pour le droit à l'alimentation, estime qu'il "n'y aurait pas eu de crise alimentaire sans spéculation. Ce n'était pas la seule cause de la crise, mais elle l'a accélérée et aggravée".

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