Le président Turque a déclaré : «Tout le monde doit
respecter le droit de la Turquie à protéger ses frontières».
Lorsqu'on regarde le tracé radar de l'avion russe fournit
par les turcs, on voit -selon les Turcs- qu'il est bien entré dans l'espace
aérien turc. Cet espace qui représente un bec de canard inséré dans la Syrie,
fait environ deux kilomètres, et au vu de la vitesse de l'avion, ce dernier a
dû pénétrer une seconde dans l'espace aérien turc. Cela suppose que les Turcs
attendaient l'avion, ils avaient connaissance de son plan de vol, et savaient
que l'avion n'avait pas d'autre choix que de traverser leur espace aérien.
Sous couvert d'anonymat, un responsable américain a
indiqué à Reuters que si l'avion avait bien effectué une brève incursion en
Turquie, il avait été abattu alors qu'il était dans l'espace aérien syrien.
La Turquie est beaucoup moins regardante concernant le
passage de centaine de camions citerne de L’EI qui passe du pétrole par
contrebande. Il faut aussi que la Turquie contrôle mieux sa
frontière, qui est poreuse et par laquelle transite en contrebande le pétrole
syrien ou irakien provenant de zones contrôlées par l’État islamique»,
note Agnès Levallois chargée de mission à l’Académie diplomatique
internationale et spécialiste des questions stratégiques au Moyen-Orient.
De plus les services de renseignement britanniques
rapportent également que «de l’argent liquide a été
retiré de distributeurs à la frontière turque par des combattants étrangers
impliqués dans les combats en Syrie».
Abou Sayyaf, qui a été tué lors d’un raid des forces
spécial américaine en mai, était l’un des principaux dirigeants de l’État
islamique et en quelque sorte son ministre des Finances. Les documents trouvés
lors de l’opération montrent clairement qu’il était en relation directe avec
des officiels turcs, explique le
Guardian.
La Turquie est accusée depuis longtemps par les experts,
les Kurdes et même le vice-président américain Joe Biden de ne rien faire pour empêcher
l’approvisionnement en armes et en combattant volontaires de Daech à travers sa
frontière syrienne. En novembre 2014, un ancien combattant de Daech expliquait
que l’État islamique considérait la Turquie comme un allié:
«Les
commandants de Daech nous ont dit de ne rien avoir à craindre car la
coopération était totale avec les Turcs… Daech considérait l’armée turque comme
son allié plus particulièrement quand il s’agissait d’attaquer les Kurdes en
Syrie.»
La Russie a d’ailleurs riposté à la perte de son avion en
révélant le rôle de la Turquie dans le blanchiment du pétrole syrien, que lui
procure en contrebande Daech. Des images satellites fournies par Moscou
montrent d’immenses convois de camions citernes rejoignant la frontière turque.
Ce trafic, qui rapporte selon le Financial Times plus d’un million de dollars
par jour aux djihadistes.
L’Irak a également fait des déclarations dans ce sens lors
d'une rencontre avec le ministre allemand des Affaires étrangères, Haider
Al-Abadi a souligné "l'importance de stopper la contrebande de pétrole par
les groupes terroristes (de l'EI), dont la grande majorité est exportée
illégalement via la Turquie".